Retour en arrière

Est ce que j'ai des regrets ? se demande-t-elle en se regardant dans le miroir de la salle de bain.
Suis-je encore capable? souffle-t-elle dans un soupir en replaçant une mèche de cheveux.

Maude prend son sac sur la table et regarde son reflet dans la glace près de la porte afin de s'assurer qu'elle est encore belle, en souhaitant qu'il la trouverait belle encore.
Son chandail émeraude fait ressortir le verts dans ses yeux pers. Elle attrape les clés et avec un pressentiment de ne plus revenir ici , elle verrouille en sortant.

Tous ces allers-retours si loin l'épuise.

Chaque voyage devient de plus en plus long.

Tout est bien au début. Probablement justement parce que c'est le début.
Mais on ne retourne pas en arrière comme on veut.

Maude souhaite retourner en arrière.
Mais elle ne sait comment effacer les paroles qui coupent, les mots qui mettent fin, les regards qui se sauvent...

Alors elle avance encore.

Puis sur la route dans un détour qu'elle a oublié, dans un chemin qu'elle connaît par coeur, une courbe surgit. Sa voiture ne suit pas la courbe alors elle dérape et en dedans elle comprend qu'elle ne reviendra pas en arrière. Il est trop tard maintenant.

On entend le bruit des pneus qui grincent et la tôle qui semble se froisser comme du papier.
La voiture fait quelques tonneaux et s'immobilise dans un fossé, là où c'est creux.
Maude ne respire plus.

Une voiture qui tire une roulotte s'arrête, tous les occupants s'inquiète de voir ce métal fumant. Le conducteur s'approche et pose un genou par terre près de la portière, tend la main et touche Maude du bout des doigts pour tenter de sentir un coeur battre...mais il ne sent que le sien qui se débat, qui voudrait sortir et se sauver en hurlant.

Il touche la mort du bout des doigts et sans savoir pourquoi il se met à pleurer.
Il veut retourner en arrière, lui dire qu'il l'aime encore de près.
Entendre son rire et sentir son souffle dans son cou, goûter sa peau si douce...

Sa femme s'approche le portable à la main. Il lui fait signe que non et laisse ses larmes lui mouiller le visage.
Elle le regarde.

- Tu la connaissais?

-Non.
Mais j'aurais pu.